Bien qu’il existe divers modes de fonctionnement dans La Wicca, il est possible d’établir la base de ce qui se retrouve dans la plupart des traditions. En premier lieu, nous jetterons un coup d’œil sur le fonctionnement de base d’un coven mixte. Par la suite, nous établirons les différences qui existent avec les groupes féminins et nous mentionnerons en dernier lieu le mode de fonctionnement de la pratique solitaire.
Comme nous l’avons mentionné, il n’existe pas d’autorité centrale, de dogmes reconnus par tous ou de hiérarchisations des covens entre eux. Or, à l’intérieur d’un coven il existe une forme de hiérarchie qui est associée à l’expérience et aux degrés d’initiation. Les initiations situent le pratiquant dans une hiérarchie verticale (néophyte à grand(e) prêtre(sse)). L’expérience de ce dernier, c’est-à-dire les techniques et les exercices acquisent via la pratique solitaire ou un autre coven, le situe sur une hiérarchie horizontale (peu d’expérience à beaucoup). Combinées ensemble, le pratiquant se situe dans une hiérarchie à la fois verticale et horizontale. Nous pouvons donc retrouver au sein d’un coven des néophytes, des prêtres(ses), des grand(e)s prêtres(ses) ainsi que des aîné(e)s. Tous les membres ont théoriquement la même possibilité pour devenir prêtre(sse) et grand(e)s prêtres(ses), s’ils décident de poursuivre leur cheminement. Habituellement, les dirigeants du coven sont la grande prêtresse et le grand prêtre. Ils agissent en tant que guides pour ceux et celles qui poursuivent leur cheminement.
Les néophytes sont ceux et celles qui veulent débuter un cheminement dans la Wicca. Pendant un an et un jour, ils suivent un entraînement pour acquérir les bases qui leur seront nécessairent pour devenir prêtresses. Lorsque la personne est jugée prête par la grande prêtresse du coven, elle passe par l’initiation du premier degré . Cette initiation transforme sa position de néophyte à prêtresse, lui permettant de célébrer des rituels magiques. C’est à ce moment qu’elle pourra recevoir ses outils de travail wiccans et les consacrer (bénir). Elle ne peut être initiée que par une personne du deuxième ou du troisième degré.
Après une autre longue période d’études et de travail (au minimum une autre année et un jour), la prêtresse, lorsque jugée prête par la grande prêtresse du coven, subira l’initiation lui conférant le deuxième degré ( ou ), soit celui de grande prêtresse (grand-prêtre ou magus chez l’homme). Ce grade lui confère le pouvoir d’initier à son tour les adeptes vers le premier et le deuxième degré. Elle a maintenant la possibilité de quitter son coven et de créer son propre coven avec la permission de la grande prêtresse. Son coven devient alors un coven fille, gardant un lien avec son coven original. Elle peut créer et diriger un bosquet (grove) représentant une cour externe du coven. Dans ce bosquet, elle peut former les néophytes ainsi que de tenir des rituels publics.
Parmi les grandes prêtresses, il y en a une, la « Maiden », qui est choisi pour assister la grande-prêtresse du coven dans ses fonctions concernant les rituels. Il y a aussi le « Summoner », i.e. le messager, poste principalement occupé par un homme. Il est le messager confidentiel du coven et de la grande prêtresse. Il est celui envoyé lorsqu’il y a des communications avec d’autres covens. Il peut aussi agir en tant qu’escorte (Farrars, 1996, p.182).
Après une autre période de temps déterminée par la grande Prêtresse du coven (ou coven parent dans le cas où la grande prêtresse aurait décidé de fonder son propre coven), la grande prêtresse peut aller de l’avant avec la troisième initiation. Cette initiation, connue sous le nom du grand rite ou rite sublime ( ), confère l’indépendance totale de la grande prêtresse vis à vis du coven parent. Elle peut exécuter les initiations des trois niveaux ainsi que de fonder un coven totalement indépendant de son coven original. Éventuellement, si au moins trois covens sont créés par des prêtresses qu’elle aura initiées, elle pourra porter le nom de Witch Queen . Le titre est conféré au cours d’un rituel qui implique un initiateur et un initié de sexes opposés, de préférence l’initiateur est le partenaire ou le conjoint de l’initiée. Le grand rite est un acte sexuel magique important qui utilise la femme comme autel et représente l’acte d’union entre la Déesse, incarnée par la grande prêtresse, et le Dieu cornu, incarné par le grand prêtre (Adler, 1986, p.110). L’acte sexuel peut être symbolique ou manifeste. Dans le cas où il est symbolique, l’acte d’union est figuré par les outils du rituel tels l’athame et la coupe de vin. Les autres membres du coven sont alors présents. Dans le cas ou l’acte serait manifeste, les autres membres du coven sont appelés à quitter le cercle et la pièce, laissant le couple accomplir le rite en privé. Une fois l’acte terminé le coven est rappelé pour finaliser le rituel.
Il est à retenir que pour les wiccans, l’attitude envers le sexe est dépourvue de culpabilité. Les Farrars signalent que pour les wiccans : « sex is holy – an unashamed and beautiful polarity-force which is intrinsic to the nature of the universe. It is to be treated with reverence, but without prudery. The Craft makes no apology for using intercourse between an appropriate man and woman, in private, as a profound ritual sacrament, bringing in all the levels – physical, astral, mental and spiritual. The key to the ‘actual’ Great Rite is the statement in the declamation : ‘For there is no part of us that is not of the Gods’. » (1996 (1981), p.32.). L’acte sexuel magique n’est pas sensé donner lieu à des comportements sexuels pervertis.
Le coven mixte tente idéalement d’avoir un nombre égal d’hommes et de femmes. Bien que Gardner ait indiqué que le coven devait être composé de treize personnes, cela n’est pas toujours le cas. Les covens peuvent compter trois personnes et plus. Le problème qui peut survenir lorsqu’un groupe est trop nombreux, est qu’il soit difficile de travailler sur un plan plus personnel. Il est donc possible à ce moment de voir à la création d’un nouveau coven. Par ailleurs, une personne peut se voir bannir du groupe. Ce n’est pas une pratique courante, mais elle est employée dans certains cas. Les trois causes possibles de l’adoption d’une telle mesure sont 1) de trahir la confiance du coven 2) de mentir à sa Grande Prêtresse et à son Grand Prêtre 3) de poursuivre des activités illicites incompatibles avec celles du coven ou 4) d’aller volontairement à l’encontre des lois d’éthiques wiccanes (Farrars, 1996, p.189). Bien que bannis, ces gens conservent leurs titres de sorcièr(e)s, mais doivent attendre un an et 1 jour pour faire une demande de réadmission. Or, comme nous l’avons mentionné, cela se produit rarement.
En ce qui concerne les covens féminins, la notion de hiérarchie est en théorie éliminée. Toutes sont prêtresses à l’intérieur de groupes autogérés. Les initiations sont tenues à la convenance du groupe.
Les pratiquants solitaires, pour leur part, ne répondent en général à personne, sauf à eux-mêmes. Lorsqu’ils se sentent prêts, ils se consacrent au cheminement qu’ils désirent entreprendre par un rituel de dévouement (dedication). Ils peuvent plus tard dans leur cheminement décider de procéder à l’auto-initiation, se conférant ainsi le titre de prêtresse. Le déroulement et la tradition empruntée sont laissés au choix du pratiquant.